Internet et la généalogie : points de vue

L’utilisation d’internet en généalogie est devenue, ces vingt dernières années, absolument incontournable. Il n’est pourtant pas superflu de rappeler que les renseignements trouvés sur internet (notamment sur les arbres généalogiques mis en ligne par des généalogistes amateurs) ouvrent des pistes intéressantes mais doivent être confirmés par des sources fiables et par des méthodes de recherche rigoureuses. Nous vous proposons ci-dessous deux points de vue contradictoires mais pas inconciliables !
Pour une bonne gouvernance en généalogie

J’aurais envie de sous-titrer ce petit billet “Entre laxisme et effort” tant, avec la généralisation d’Internet, il me semble de plus en plus pouvoir distinguer, aux extrêmes de ce domaine aux frontières assez floues, deux catégories de généalogistes : les amateurs pressés et les vrais chercheurs.

Les amateurs pressés – mais peut-on les appeler généalogistes ? – sont ceux qui se précipitent sur toutes les sources disponibles, bonnes et moins bonnes, et assemblent “vite fait”, avec plus ou moins de discernement, des matériaux de valeur inégale : dans le meilleur des cas ce seront des relevés associatifs, dans le pire des cas ce sera la copie des sites “généalogiques” qui se multiplient et se recopient à tout-va sur Internet, avec des taux d’erreur parfois éhontés ; ces amateurs pressés n’ont le plus souvent pour objectif que d’accumuler des noms et des dates, sans souci du contexte. Ignorons-les donc.

Les vrais chercheurs sont ceux qui s’astreignent à passer des semaines, des mois, à “éplucher” acte par acte les anciens registres, à dénicher et déchiffrer les vieux actes notariés, les terriers et rôles fiscaux divers ; ceux – les mêmes – qui en vrais historiens s’intéressent aux anciens métiers, à l’histoire et à l’économie de chaque village, aux us et coutumes de telle région ; ceux – les mêmes encore – qui savent ensuite faire – tels des architectes – une synthèse solidement bâtie des matériaux patiemment accumulés.

Et comment exprimer, pour ceux-ci, le plaisir de s’informer, au fil des pages, de toute la vie du village, de découvrir tel ancêtre qui fut maître charpentier, tel autre simple vacher, tel autre encore, peut-être notable, inhumé dans l’église, de relever leurs signatures apposées d’une main tantôt hésitante tantôt assurée… ou une simple croix ; quelle riche information encore d’apprendre, de la main du curé ou du pasteur, le passage des troupes, la famine, la peste. Sachons à cette occasion apprécier, pour ces enquêtes, la facilité nouvelle due à la numérisation, qui se généralise en France, des anciens registres. Et que dire de l‘enrichissement que procure le dépouillement des contrats de mariage, des testaments, des inventaires et partages, et aussi des transactions, des baux abbatiaux, etc. Et bien sûr le chercheur curieux ne manquera pas d’aller, sur place, photographier telle maison bicentenaire d’aïeux, tel roue de moulin dont ils furent meuniers, telle église du 16e siècle où ils furent baptisés et mariés de père en fils.

Et enfin une dernière source de satisfaction, car le vrai chercheur ne travaille pas que pour lui : en vue de les publier, assembler tous ces matériaux de façon cohérente et ordonnée, en faire une rédaction claire et limpide, l’enrichir des à-côtés, petits côtés et anecdotes parfois savoureuses rencontrées au fil des recherches. Et pour cela se lancer dans la saisie et s’offrir le plaisir d’une belle mise en page, d’une présentation claire et aérée, illustrée avec goût, qui donnera à nos enfants et petits-enfants le désir de s’intéresser, comme nous, à l’Histoire.

Alain SUTTER, membre du CGA, section Île-de-France (billet paru dans le BCGA n° 179  du 3ème trimestre 2012)

De la bonne utilisation des sites généalogiques

Alain SUTTER nous a renvoyé il y a quelque temps un plaidoyer pour une bonne gouvernance en généalogie qu’il avait fait paraître dans le BCGA en 2012. J’ai eu l’occasion de m’en expliquer avec lui : Il ne faut pas se contenter de dire « c’était mieux avant ». Si certains (trop ?) font un mauvais usage des sites généalogiques, il ne faut pas ignorer l’apport de ces sites. Il faut considérer que leurs adhérents fournissent des « pistes » qu’il ne faut pas se contenter de recopier, mais qu’il faut vérifier lorsque les auteurs ne fournissent pas leurs sources.

À titre d’exemple, j’ai déjà relaté deux problèmes me concernant que j’ai pu résoudre grâce à Geneanet. Le premier, sans Geneanet, aurait été définitivement classé au rang des blocages généalogiques. Le second aurait peut-être pu être résolu sans l’apport de ce site, mais dans quel laps de temps ? 

Ce qu’on peut, en revanche, reprocher à la période actuelle, c’est la disparition de nouveaux relevés systématiques. Charles doit être le dernier dans la section Île-de-France à en produire pour l’Alsace. La numérisation des actes est certes un grand progrès ; elle évite bien des déplacements dans les chefs-lieux de département ou dans les communes, mais, en l’absence de relevés systématiques, on aboutit à ce que chacun s’épuise à la lecture des mêmes registres.

Geneanet et d’autres sans doute essayent de motiver leurs adhérents à faire des relevés, comme les tombes des cimetières par exemple. Geneanet a aussi lancé il y a quelque temps le relevé des recensements. Personnellement, j’ai voulu tester le processus en leur proposant le relevé du recensement de 1879 d’une localité du Kochersberg, mais cela semble s’être perdu actuellement dans les sables (ou les houblonnières).

Claude CARRÉ, membre du CGA, section Île-de-France, mai 2021

Photo : Comment approfondir vos recherches généalogiques avec des archives méconnues, MyHeritage
Les relevés du Cercle Généalogique d’Alsace sur Geneanet

Pour compléter votre réflexion sur le sujet… un extrait de Les relevés du Cercle Généalogique d’Alsace disponibles sur Geneanet par Frédéric Thébault, le 22 janvier 2018 : 

« Les relevés d’associations proviennent donc, est-il nécessaire de le préciser, d’associations de généalogies. Celles-ci (on en compte en moyenne 2 ou 3 par département, de tailles diverses) existaient bien avant le développement de l’Internet grand public, et durant les années 80 et 90, elles ont considérablement contribué au développement de la généalogie en France.Parmi leurs travaux, la quasi-totalité d’entre elles s’est attachée à effectuer des relevés de registres d ‘état civil ou paroissiaux. C’est le fruit de ce travail qui est accessible, pour celles qui ont bien voulu conclure un partenariat avec Geneanet, sur notre site. Précision importante : un relevé est une retranscription textuelle d’un acte, il ne s’agit pas ici d’images d’actes ! »

RAPPEL : demain, dimanche 17 septembre 2023, 1er Salon de généalogie en Périgord noir.

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