Parcours de vie de René Schweyer (4) : distinctions et décorations

Christophe SCHWEYER retrace le riche parcours de vie de son grand-père René SCHWEYER, né et mort à Mulhouse (1892-1966), prisonnier des Russes pendant la Grande Guerre, puis employé des Chemins de fer de l’Est et résistant. Au-delà de l’hommage de l’auteur à son aïeul, ce récit est particulièrement intéressant par l’abondance des archives familiales qui l’illustrent. Le lecteur y trouvera une invitation à rechercher pour sa propre généalogie des documents d’archives souvent négligés.
Le récit vous est présenté sur le blog « Généalogie Alsace » en 4 épisodes :
Parcours de vie de René Schweyer (1) :
I. Contexte familial
II. Ancien combattant de la guerre 14-18
III. Vie familiale
Parcours de vie de René Schweyer (2) :
IV. Sa carrière au sein des chemins de fer
Parcours de vie de René Schweyer (3) :
V. L’activité dans la Résistance et le réseau Béarn
Parcours de vie de René Schweyer (4) :
VI. La carrière professionnelle après la guerre
VII. Distinctions et décorations reçues par René SCHWEYER

VI. La carrière professionnelle après la guerre

Dans une lettre du 30 novembre 1945, le chef du Service de l’exploitation rappelle la « rapide et brillante carrière » de René SCHWEYER :

« Il est à remarquer, d’autre part, que M. Schweyer ayant été nommé chef de gare de 2ème classe le 1er août 1938, n’aurait certainement pas été promu chef de gare de 1ère classe au 1er octobre 1939. Je considère que la date du 1er octobre 1945 qui a été fixée pour la nomination de M. Schweyer au grade de chef de gare principal de 2ème classe n’est pas de nature à le désavantager étant donné sa rapide et brillante carrière. »

A. La mise à la retraite d’office de René SCHWEYER le 1er août 1955

René SCHWEYER a l’obligation de partir à la retraite le 1er août 1955 à l’âge de 63 ans (= 62 ans + 1 an pour enfants à charge) à la demande de son employeur et sans avoir le choix de travailler plus longtemps. Sa hiérarchie et ses collègues lui offriront un document manuscrit avec leurs signatures et leurs souhaits de longue et heureuse retraite.

Le 30 juin 1959, René SCHWEYER conteste devant le conseil des prud’hommes de Mulhouse de sa mise à la retraite d’office à 63 ans alors que pour les agents « F » de la SNCF, cela aurait dû être à la l’âge de 65 ans ; et demande de paiement de la somme due comme s’il avait travaillé. Au terme d’une longue procédure de 3 ans, la Cour d’appel de Colmar confirme la condamnation de la SNCF à payer les dommages et intérêts (85% le paiement de la différence entre le salaire qu’aurait touché René SCHWEYER et la pension qu’il a perçue).

B. Les aspects politiques de son implication dans la Résistance

De par son métier et ses compétences (meneur d’hommes), de par sa participation active à la Résistance de février 1942 à septembre 1944, René SCHWEYER était devenu au sortir de la guerre un acteur incontournable au sein de la SNCF et dans la vie sociale. Incontournable, mais sûrement gênant. La SNCF lui accorde le titre de fonctionnaire honoraire en juillet 1955 : est-ce pour faire avaler la pilule de la mise à la retraite d’office le 1er août 1955 ?

Mon grand-père s’est-il montré trop intransigeant dans le management du personnel de la SNCF ? Continuait-il après la guerre à être un empêcheur de collaborer en rond ? N’a-t-il pas mélangé ses sentiments et ses valeurs de résistant avec son travail à la SNCF, alors que l’air du temps était à la réconciliation ? En tout cas, il devait déranger.

Certains passages du livre de Raymond Ruffin, Ces chefs de maquis qui gênaient (Presses de la Cité, 1980) peuvent très bien s’appliquer à ce qu’a vécu mon grand-père : René SCHWEYER n’était pas chef de maquis, mais avait des responsabilités comme responsable local du BCRA-Réseau Béarn de Culmont-Chalindrey.  «L’épreuve passée, c’est le temps des habiles et la revanche de ceux qui manquèrent de courage. »

VII. Distinctions et décorations reçues par René SCHWEYER

A. Distinctions et décorations décernées par la Nation
  1. Le 1er septembre 1945 : Citation du Général de Gaulle : René SCHWEYER Agent P1. Diplôme avec gravure et croix de Lorraine :
Agent P1 SCHWEYER René
Répondant à l’appel de la France en péril de mort, vous avez rallié les Forces Françaises Libres
Vous avez été de l’équipe volontaire des bons compagnons qui ont maintenu notre pays dans la guerre et dans l’honneur
Vous avez été de ceux qui, au premier rang, lui ont permis de remporter la victoire !
Au moment où le but est atteint, je tiens à vous remercier amicalement, simplement, au nom de la France !
1er septembre 1945         Signé Charles de Gaulle
4-P281-SCHWEYER René-Citation Agent P1-FFL-01 09 1945

2. Le 15 mars 1948 : Croix de chevalier du Mérite social :

Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a conféré la Croix de chevalier du Mérite social à René SCHWEYER pour services rendus au Comité National de Solidarité en faveur des Victimes de guerre à Mulhouse. Fait à Paris le 15 mars 1948. Signé Daniel MAYER (Remise par Préfet le 19 11 1948).

L’ordre du Mérite social fut créé par décret en date du 24 octobre 1936 en France. Sous l’égide du ministère du Travail, il avait pour vocation à récompenser les personnes ayant rendu des services désintéressés et dévoués aux œuvres mutualistes et sociales. Le Mérite social comportait trois classes : chevalier, officier et commandeur. Pour pouvoir rejoindre l’ordre du Mérite social il faut être âgé de trente ans, jouir de ses droits civils et justifier 5 ans de service rendu.

4-P282-SCHWEYER René-Chevalier du Mérite social-Diplôme Croix-15 03 1948

3. Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre, décernée le 05 novembre 1949 :

Le ministre des Armées certifie que Monsieur SCHWEYER René a droit au port de la médaille commémorative des services volontaires dans la France libre en application des prescriptions du décret N° 46.742 du 4 avril 946. Enregistré sous le numéro : 31.520. À Paris le 5 novembre 1949, le président de la commission de contrôle

La médaille commémorative des services volontaires dans la France libre a été créée par le décret n°46-742 du 4 avril 1946. Le général de Larminat, président de l’Association des Français libres, en est à l’origine. C’est en effet en 1945 qu’il adresse un rapport au ministre des Armées dans lequel il souligne que la création d’une telle décoration permettrait de récompenser les non-combattants ralliés à la France libre, notamment les hommes et femmes des services administratifs. Le droit au port de cette médaille fut reconnu à toute personne pouvant justifier de sa qualité de membre des Forces françaises libres. Un décret de décembre 1957 a fixé la date de forclusion en juillet 1958. On compte environ 42 000 titulaires. Cette décoration peut encore être accordée, à la condition qu’une reconnaissance des services dans la France libre soit intervenue avant la date de forclusion.

4-P52-SCHWEYER René-Médaille services volontaires France libre-05 11 1949

4. Le 05 mars 1959 : Courrier d’attribution de la Médaille de la France Libérée signée par le ministre Raymond TRIBOULET (résistant, ministre des Anciens Combattants dans le Gouvernement de Michel Debré du 08/01/1959 au 14/04/1962).

5. René SCHWEYER recevra ensuite la Médaille de la France libérée le 1er juin 1960 « pour sa participation à la libération de la France ».

Créée par le décret du 12 septembre 1947 sous le nom de médaille dite « de la reconnaissance de la France libérée », elle prit son nom définitif (médaille de la France libérée) avec le décret du 16 juin 1948. Elle était attribuée par le ministère de la Défense et des Anciens Combattants, lequel délivrait un diplôme.  Elle pouvait être décernée « aux ressortissants français ou alliés ayant apporté une contribution notable à cette libération » (Décret n° 47-1808 du 12 septembre 1947).

6. Fondation de la Résistance et musée de la Résistance

René SCHWEYER est répertorié comme résistant agent P1 dans la base de données du musée de la Résistance en ligne (1940-1945) de la Fondation de la Résistance. Créée officiellement en 1993, la Fondation de la Résistance assume trois missions essentielles :

  • sauvegarder la mémoire de tous les actes individuels et collectifs, ayant marqué la Résistance intérieure et extérieure contre l’occupant nazi entre 1940 et 1945, en encourageant notamment la recherche historique dans ce domaine, et lutter contre toutes les formes de négationnisme ;
  • transmettre aux jeunes générations et à la société civile les valeurs individuelles et collectives qui motivaient les acteurs de la Résistance sous toutes ses formes ;
  • pérenniser la mémoire des associations d’anciens résistants ne pouvant plus exister par elles-mêmes.

Le département  AERI de la Fondation de la Résistance (anciennement Association pour des études sur la Résistance intérieure) assure notamment la gestion du musée de la Résistance en ligne, un site portail de référence sur la période 1940-1945.

René SCHWEYER est également répertorié à la page « Titres, homologations et services pour faits de résistance » du site Mémoire des hommes

B. Distinctions et décorations décernées par la SNCF
  1. Médaille d’honneur des chemins de fer – Médaille d’argent – décernée le 04 août 1943 à Culmont-Chalindrey (52)

Créée par décret du 19 août 1913, la médaille d’honneur des chemins de fer est une médaille d’honneur du travail, décernée à l’ancienneté aux employés et ouvriers des chemins de fer d’intérêt général ou local qui peuvent justifier de 30 années minimum de service (décret initial), avec un échelon unique en argent. Elle récompense, compte tenu de leur qualité et de leur durée, les services rendus dans leur emploi par les agents et ouvriers français et ressortissants de l’Union française ou des États protégés, en service dans les chemins de fer.

4-P278-SCHWEYER René-Médaille d’honneur en argent des chemins de fer-Diplôme-04 08 1943

2. Médaille d’honneur des chemins de fer – Médaille de vermeil – décernée le 14 août 1952 à Mulhouse-Ville (68)

Le décret du 19 mars 1919 institua la médaille de vermeil. La médaille d’honneur des chemins de fer comporte trois échelons depuis 1977 (le décret du 28 mars 1977 crée un échelon or) : Argent : 25 années de services, Vermeil : 35 années de services, Or : 38 années de services. Une palme en or est accrochée sur le ruban.

3. Le 28 juin 1955 : Notification du titre de fonctionnaire honoraire en tant que « chef de gare principal de 1ère classe honoraire »

Définition : distinction conférée discrétionnairement à certains fonctionnaires ou à certains membres des professions libérales qui quittent définitivement leurs fonctions et qui leur permet de conserver leur titre et certaines prérogatives ou distinctions honorifiques de leurs anciennes fonctions.

4. Le 28 avril 1959 : Diplôme de citation à l’ordre de la SNCF « pour sa belle conduite pendant l’Occupation ».

4-SCHWEYER René-Diplôme de citation à l’ordre de la SNCF le 28 avril 1959

Renseignements sur « citation à l’ordre » pour les militaires :

  • Une citation à l’ordre est une récompense militaire française donnée pour mettre en valeur un acte remarquable, généralement pour le courage ou l’énergie dont a fait preuve le récompensé au combat.
  • Un soldat ou une organisation (commune, unité militaire) peut être cité à l’ordre du régiment, de la brigade, de la division, du corps d’armée, de la région, de l’armée ou de la Nation.
  • Une citation à l’ordre de l’armée est une sanction positive se matérialisant sous la forme de textes décrivant les comportements récompensés. Ces textes sont insérés dans des diplômes que reçoivent soit le soldat honoré, soit les familles dans le cas de citations posthumes.

Christophe SCHWEYER
Rédigé en décembre 2022

Chapitres précédents :

Le document « Parcours de vie de René Schweyer » tel que publié en 4 chapitres sur ce blog est une compilation réalisée par Laure Mestre. Il peut être téléchargé en PDF ici (25 pages – 5,58 Mo). L’auteur, Christophe Schweyer, met à la disposition des lecteurs intéressés par des développements plus complets et de nombreuses images supplémentaires, la version originale (233 pages) et une version abrégée (123 pages). Celles-ci pourront vous être adressées sur simple demande.

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