Qui n’a pas admiré ces grands toits pentus de 45° à 65° présents dans toutes les villes et villages d’Alsace, couverts de tuiles plates rouge-orangé souvent en forme « de queue de castor » ou Biberschwanz parfois décorées ou vernissées ?
Et que dire de ce véritable travail d’art digne d’un Meilleur Ouvrier de France que l’on peut admirer à Guebwiller ?
Les nombreux noms « rue de la tuilerie » dénotent la présence de cet artisanat introduit dans le bassin rhénan par les Romains. Dès le Moyen Âge, les tuileries ont été implantées à proximité des ressources en matériaux (argiles, forêts pour le bois), à l’extérieur des villages afin de limiter les risques d’incendie.
Sur cet extrait de la carte de Cassini dans la région de Wasselonne, on recense trois tuileries dans un rayon d’1 km et, en 1852, on a pu dénombrer 183 tuileries pour le seul département du Bas-Rhin.
Certaines tuileries appartenaient à un seigneur, à charge au tuilier de lui fournir tuiles et chaux comme à Brumath en 1510 (source) mais très souvent, elles étaient propriétés communales, affermées, « approvisionnant les habitants en chaux, tuiles, briques, pavés de dallage. Les tuileries ne fonctionnaient pas toute l’année, le tuilier réalisait 3 ou 4 cuissons par an.
La commune avait la gestion du fonctionnement de la tuilerie et des besoins en matériaux pour les habitants et les bâtiments communaux :
À Ammerschwihr, un règlement municipal de 1561 fixait le prix des matériaux issus de la tuilerie.
À Kaysersberg, le tuilier était directement placé sous l’autorité et le contrôle du « Ziegelmeister ou Maître tuilier », un conseiller municipal chargé du bon fonctionnement de la tuilerie.
Située à proximité d’une carrière d’argile, « La Tuilerie » comprenait plusieurs bâtiments pour la fabrication de tuiles, de briques, et très souvent de chaux pour :
- Le stockage de l’argile ou « lehm » et le bois de chauffage
- Le malaxage de la terre et le façonnage
- La grange de séchage des tuiles ou « Ziegelscheuer»
- Le four pour la cuisson
- Le stockage des matériaux finis
- La maison du tuilier
L’hiver était consacré aux corvées de bois et à l’extraction de la terre dans la glaisière (ou argilière, lehmgrube), le gel lui donnant une meilleure qualité.
L’argile est mélangée à du sable et de l’eau, l’artisan en prélève une motte qu’il étale dans un gabarit en métal muni d’un manche en bois ,tel qu’on l’observe sur les emblèmes de plusieurs tuiliers.
Un tracé de trois rainures faites aux doigts à la surface de la tuile devait permettre un meilleur écoulement de l’eau. Un ouvrier pouvait réaliser 400 à 600 tuiles par jour, et pour la dernière il a l’habitude d’y mettre sa marque, une date, une décoration, on l’appelle tuile de fin de journée ou « firowaziegel ». Des tuiles richement décorées avaient un but religieux de protection et de porte-bonheur.
Les tuiles ainsi façonnées sont mises à sécher dans le « Ziegelscheuer » pendant environ un mois, puis la cuisson au four chauffé à très haute température durera 10-12 jours et 6-7 jours pour un refroidissement lent. Il arrivait fréquemment que le four ait été endommagé, il fallait donc le réparer avant la prochaine cuisson !
Ce métier entièrement manuel nécessitait énormément de manutention et vers 1841 les Frères Gilardoni créent un nouveau modèle de tuile.
« Cette tuile à emboîtement demande une plus grande précision dimensionnelle que les tuiles à chevauchement ce qui conduit les frères Gilardoni à mécaniser la fabrication, d’où le nom de Tuile mécanique donnée à tort à ce produit. La mécanisation est rendue possible par le développement de la vapeur à cette époque et qui permet la fabrication en série de pièces sur des machines qui assurent un rendement élevé, une précision dimensionnelle et une standardisation. L’étape de fabrication depuis la terre d’argile jusqu’au produit fini demande plus de 4 jours d’élaboration » (Wikipedia).
Cette fabrication de tuiles devenue industrielle a entraîné la disparition de cet artisanat et des tuileries dont on retrouve toujours la trace sur les noms de rues et de lieux-dits comme la « Maison forestière du Ziegelscheuer ».
I.Z., membre du CGA, section Île-de-France
Pour en savoir plus : Ecomusée d’Alsace – Les tuileries de la vallée de la Weiss – Les tuileries de la vallée de Munster
LUNDI | MARDI | MERCREDI | JEUDI | VENDREDI | SAMEDI |
1er nov. A comme Ackerer | 2 nov. B comme Bleicher | 3 nov. C comme Couvreur de paille | 4 nov. D comme Dinghofmeyer | 5 nov. E comme échevin | |
7 nov. F comme Fleichhawer | 8 nov. G comme Géomètre | 9 nov. H comme Hippenbeck | 10 nov. I comme Instituteur | 11 nov. J comme Jäger | 12 nov. K comme Kieffer |
14 nov. L comme Liechtermacher | 15 nov. M comme Müller | 16 nov. N comme Nourrice | 17 nov. O comme Öhlmann | 18 nov. P comme Piqûrière | 19 nov. Q comme Quels sont les métiers à Schwindratzheim ? |
21 nov. R comme Recensement des professions à Soufflenheim | 22 nov. S comme Schreiner | 23 nov. T comme chef de Train | 24 nov. U comme Uhrmacher | 25 nov. V comme Vigneron | 26 nov. W comme Weber & Weissnäherin |
28 nov. X comme 50 métiers eXtraordinaires | 29 nov. Y comme Ysenschmied | 30 nov. Z comme Ziegler |
Et voilà ! C’est fini pour cette année ! Merci à tous nos lecteurs de nos avoir suivis avec assiduité. Merci à tous les participants du Challenge AZ qui, grâce à leurs articles riches, nous ont fait grandir dans la curiosité et l’efficacité des recherches généalogiques. À bientôt sur ce blog pour un florilège de nos articles préférés !