Challenge AZ.H : H.istoire de la famille H.adermann : de l’Alsace à la Flandre

La recherche généalogique d’un Flamand de Belgique le mène à un ancêtre alsacien, Joannes Georgius Hadermann, natif de Bergheim (Haut-Rhin) en 1767.

À vous qui êtes si loin d’Alsace ! À vous, lecteurs des 5 continents qui suivez notre blog et le lisez régulièrement. Aujourd’hui, nous pouvons nous déplacer facilement dans le monde entier. Mais quelle aventure du temps de nos ancêtres ! Vous nous avez parlé de vos racines alsaciennes, vous nous avez raconté comment vos aïeux ont quitté l’Alsace,  quels chemins ils ont empruntés… Dans le cadre du Challenge AZ des blogs de généalogie, tout au long de ce mois de novembre 2023, nous partageons vos récits d’émigration. Ils nous rapprochent de vous et de nos racines communes. Merci et bonne lecture !

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Geschiedenis van de familie Hadermann : van de Alsace naar Vlaanderen

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Histoire de la famille Hadermann : de l’Alsace à la Flandre

Traduction française de l’article de Frans de Rycke, paru récemment dans « Vlaamse Stam » 2023, nr 3, de Familiekunde Vlaanderen (l’association généalogique de Flandre, Belgique) : « Geschiedenis van de familie Hadermann : van de Alsace naar Vlaanderen ».

Introduction

Il y a une dizaine d’années, à la naissance de notre premier petit-fils, la belle-mère de mon fils m’a emmené aux Archives de l’Etat à Beveren pour me montrer la documentation généalogique qui s’y trouvait. À l’époque, les microfilms étaient encore utilisés sur des bobines que l’on plaçait dans un lecteur. Après avoir sélectionné la bonne page, il était possible d’agrandir une partie du texte et de le faire glisser horizontalement et verticalement à la main pour sélectionner la section souhaitée.

Depuis lors, je me suis surtout concentré sur la généalogie des porteurs du nom « De Rijcke », quelle que soit l’orthographe de notre nom de famille. Etant né à Zele et mon grand-père étant natif de Berlare où il a vécu, j’ai commencé à dresser des listes de toutes les familles « De Rijcke » à Berlare et dans toutes les paroisses/communes environnantes.

Ainsi, dans les registres paroissiaux d’Appels, j’ai trouvé de nombreux « De Rijcke » à commencer par Adriana De Rijcke, née le 29-08-1675, fille de Petrus De Rijcke et Martine Coppieters.

Les familles De Rijcke, bourgmestres, à Appels

Les époux Petrus et Martine ont de nombreux descendants nés à Appels. Vous avez déjà fait connaissance avec certains d’entre eux dans l’article  » L’histoire des familles De Rijck(e) / De Ryck(e) à Appels : Que faisaient ces ancêtres pour vivre ? « , publié dans le bulletin « Familiekunde Vlaanderen », Termonde, 41e volume n° 2, mars-avril 2023.

Pour les familles De Rijck, l’activité commerciale sur les quais d’Appels a apporté beaucoup de richesse et de prestige. C’est ainsi qu’elles y ont fourni plusieurs générations de bourgmestres au cours du 19e siècle.

Cette mairie « De Rijck » à Appels a commencé avec Constantinus De Rijck, marchand, né le 11-02- 1799 à Appels, fils de Joannes De Rijck, marchand de bières étrangères, et d’Adriana Borms (Beurms). Sa tante Joanna Theresia De Rijck, épouse de Jacobus van Boekstal, était sa marraine de baptême.

Après Constantinus, son fils Amedeus Maria Alexander De Rijck, né le 29-08-1849 à Appels, est également élu bourgmestre. Amadeus est décédé le 14-12-1915 à Appels.

Constantinus De Rijck épouse à Zele, à l’âge de 48 ans, Maria Anna Francisca Hadermann, 38 ans, née le 24-02-1808 à Zele, décédée le 19-02-1851 à Appels, à l’âge de 43 ans, fille de Joannes Georgius (Joris) Hadermann, forgeron, et Barbara Boel, aubergiste. Les témoins de ce mariage sont mentionnés dans l’acte de mariage comme suit : « Julianus Bauwens, 37 ans, brasseur à Berlare, beau- frère du marié, et Joannnes Hadermann, 48 ans, forgeron, frère de la mariée, Joannes Victor Cooreman, 47 ans, secrétaire communal, et Felix Heyvaert, 43 ans, préposé aux accises (1), tous trois domiciliés en cette ville ».

Les familles Hadermann

En tant que généalogiste, voir apparaître sur son écran un nom de famille aussi rare que « Hadermann » suscite naturellement la curiosité. Il en a été de même pour moi.
Dans l’acte de mariage mentionné ci-dessus, nous avons trouvé plus d’informations sur Joannes Georgius (Joris) Hadermann. Il est décédé le 07-10-1846 à Zele. Son acte de décès a été rapidement trouvé. Voir ci-dessous.

Acte de décès de Joris Haderman, Zele 7-10-1846

L’officier d’état civil de Zele a apparemment eu des difficultés avec l’orthographe du nom de famille : s’agit-il maintenant de Haderman (voir à gauche, avec un « n ») ou de Hadermann comme indiqué dans la partie texte de l’acte ?

Nous lisons également que Georgius était âgé de 80 ans, né à Overbergen à Vrankrijk, veuf de Barbara Boel, fils de feu Clemens Hadermann et de feu Eva Smet.

Le lieu de naissance « Overbergen » à « Vrankrijk » a immédiatement attiré mon attention. Ici, il s’agit peut-être de la France, mais en France, le nom de lieu « Overbergen » n’existe pas du tout. J’ai donc essayé autre chose : le site en ligne « Geneanet » auquel je suis abonné, ce qui m’a permis de trouver rapidement la solution et la manière dont elle est apparue.

Il s’avère que « Overbergen » est une traduction en néerlandais de l’ancien nom de la ville de Bergheim en Alsace. L’explication est donnée ci-dessous ainsi qu’une photo de l’hôtel de ville et de la porte de la ville.

André Hadermann, descendant direct de notre forgeron Joannes Georgius (Joris) Hadermann, totalement ignorant en matière de généalogie et d’histoire locale, a commencé à rechercher vers 1980 le lieu-dit Overbergen (« de l’autre côté des montagnes » ?), introuvable dans les atlas français.

Plusieurs organismes publics, touristiques et départementaux ont fait des pieds et des mains et ont envoyé à André des listes de noms de toutes leurs communes ou de communes qu’ils pensaient susceptibles d’être concernées, en vain.

Le Cercle Généalogique d’Alsace apporta enfin la solution. Selon cet organisme, l’actuelle commune de Bergheim s’est successivement appelée Oberbergen, Oberberkheim et Berkheim au cours du 18ème siècle.

Après cette nouvelle, André s’empresse de se rendre à « La Marie », la mairie de Bergheim, qui n’ouvre qu’à 9h30. Dans l’attente, il alla jeter un coup d’œil au cimetière et eut tout de suite une certitude : une belle croix en fer forgé s’y trouvait avec l’inscription : « A. HADERMANN – 1820-1880 ».

cimetière de Bergheim : croix en fer forgé A. HADERMANN

Bergheim est une commune du département du Haut-Rhin, dans la région Grand Est (Alsace), en France. La commune faisait partie du canton de Ribeauvillé jusqu’à sa suppression en 2014 et le rattachement des communes au canton de Sainte-Marie-aux-Mines. En 2015, le district de Ribeauvillé a également été supprimé et les communes ont été rattachées au nouveau district de Colmar-Ribeauvillé (cf. Wikipédia).

Nous devons ce résultat surprenant au travail de détective généalogique particulièrement excellent effectué par André Hadermann, descendant. Il a recherché et retrouvé les racines de son ancêtre Joannes Georgius (Joris) Hadermann et a publié l’histoire de sa famille en 2001. Voici un extrait de ce livre sur l’arrivée de Joannes Georgius dans notre région.

« À l’époque napoléonienne, de nombreux garçons étaient obligés ou recrutés pour rejoindre l’armée française, l’Alsace en particulier était un important fournisseur d’hommes mais aussi de matériel, et la demande de forgerons était très forte à cette époque.
Notre hypothèse, soutenue par plusieurs généalogistes et archivistes expérimentés, est la suivante : Joris, un jeune homme d’une vingtaine d’années, peut-être un peu aventureux, avait choisi le métier de forgeron comme son père. Tenté par les généreuses rémunérations offertes aux forgerons par l’armée, il s’y engagea, non pas comme soldat pour combattre les Autrichiens, mais comme forgeron. Pour la réparation du matériel roulant, la fabrication d’outils, l’entretien et le ferrage des chevaux, les forgerons étaient apparemment toujours en nombre insuffisant.
Arrivé dans nos régions, il a été cantonné quelque part en Flandre orientale, y a rencontré Barbara Boel, a fait ses adieux à l’armée et a cherché du travail auprès d’un forgeron établi à Hamme. Il ne s’agit là que d’une hypothèse, bien sûr, mais qui a néanmoins de bonnes chances d’être la bonne. On ne peut imaginer une autre raison pour venir d’Alsace en Flandre en tant qu’individu à la fin du 18e siècle.
Quoi qu’il en soit, nous arrêtons là nos suppositions et passons aux faits. Nous savons donc avec certitude que Joris et Barbara se sont mariés à Hamme en 1798 et qu’ils ont vécu dans le quartier « de Hoirt » jusqu’en 1805 environ.

Il est tout à fait possible que Joannes Georgius (Joris) Hadermann ait séjourné avec les troupes de Napoléon (2) stationnées à Termonde. Une bataille entre les troupes françaises et autrichiennes a eu lieu à Termonde le 13 novembre 1792. Après la victoire décisive des Français sur les Autrichiens à la bataille de Fleurus (1794), les Pays-Bas autrichiens sont définitivement occupés par la France (cf. Wikipédia).

Enfin, voici les dates complètes de Joannes Georgius (Joris) Haderman, maréchal ferrant. Il est né le 05-04-1767 à Bergheim, Alsace, département Haut-Rhin, Grand Est (France) et est décédé le 07-10-1846 à Zele. Il est le fils de Clément Hadermann, né le 07-05-1744 à Bergheim (Alsace) et décédé le 24-08-1818, et de Maria Eva Schmitt, née le 24-12-1745 à Bergheim (Alsace) et décédée le 22-04- 1790 à Bergheim (Alsace), fille de Nicolas Schmitt, né le 14-07-1714 à Bergheim et décédé le 17-07- 1790 à Bergheim, et de Anna Marie Gorsch, née le 03-03-1719 à Saint-Hippolyte (Fr. ) et décédée le 18-05-1758 à Bergheim (Alsace) ;

Son épouse Barbara Boel, aubergiste, est née le 02-05-1770 à Hamme et décédée le 25-06-1845 à Zele, fille de Benedictus Boel, boucher-huilier, né le 24-04-1733 à Hamme et décédé le 25-01-1814, et de Anna Catharina De Bondt, née le 16-11-1737 à Hamme et décédée le 10-10-1791.

Georgius (Joris) Hadermann, « smith-knegt », épouse Barbara Boel le 13-05-1798 à Hamme. Ci-dessous se trouve leur acte de mariage dressé le 24 floréal de l’an XI de la République française. Ce document fait référence au lieu de naissance « Overbergen », près de ……., en « elsas ». (3)

Acte de mariage de Joris Hadermann et Barbara Boel, Hamme, 13-05-1798.

Epilogue

André Hadermann a également noté dans son livre l’évolution de la famille Hadermann en Belgique de 1794 à 2000. Durant cette période, 221 porteurs du nom « Hadermann » sont nés et 87 sont décédés. Sur les 134 personnes encore en vie en l’an 2000, 64 sont des hommes et 70 des femmes.

Je tiens à remercier tout particulièrement Peter Hadermann, le fils d’André, qui m’a fourni un exemplaire du livre de son père.

Frans DE RYCKE, Knokke-Heist, BELGIQUE

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Complément d’enquête, pistes de recherche

Précisions sur le texte de Frans De Rycke :

• (1) Les droits d’accise sont des impôts indirects sur la vente ou l’utilisation de certains produits, notamment l’alcool, le tabac et l’énergie.
• (2) Napoléon Bonaparte est nommé capitaine le 13 juillet 1792. Il est promu général de division, le16 octobre 1795 puis nommé général en chef de l’armée de l’Intérieur le 25 octobre 1795. Il mène la Campagne d’Italie (1796-1797), la Campagne d’Égypte (1798) et l’expédition de Syrie (1799). Le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799) lui permet de devenir Premier Consul de la République française, jusqu’à la proclamation du Premier Empire le 18 mai 1804 (Napoléon Bonaparte devient empereur des Français sous le nom de Napoléon Ier). Avant son mariage en 1798, Jean Georges Hadermann a donc pu servir dans « l’armée révolutionnaire » et non pas dans « l’armée napoléonnienne ».
• (3) Complément de transcription de l’acte de mariage : « Schlestat » = Sélestat, département du Bas-Rhin, Alsace, France

Joannes Georgius (Joris) HADERMAN est né à Bergheim le 05-04-1767. Il a donc 22 ans quand survient la Révolution française de 1789. Avant cette date, Bergheim appartient au Comté de Ribeaupierre (Lire « Les seigneuries alsaciennes » et « Le village préféré des Français 2022 : Bergheim »).

Le contexte politique :

• L’Assemblée constitutionnelle française déclare la guerre à l’Autriche en avril 1792. La Prusse se joint à l’Autriche, contre la France. Les armées austro-prussiennes avancent jusqu’à Verdun mais sont arrêtées à Valmy (20 septembre 1792). NB : par décret du 22 mai 1790, les Constituants avaient déclaré « la paix au monde »…
• 21 septembre 1792 : proclamation de l’abolition de la royauté
• « Au début de l’année 1793, « l’année terrible », la France révolutionnaire, en guerre depuis avril 1792, occupait le Palatinat bavarois jusqu’à Mayence où elle entretenait une garnison. La décapitation du Roi, le 21 janvier, provoqua la formation d’une vaste coalition autour de la Prusse et de l’Autriche. La France fut alors assiégée de toutes parts et le nord de l’Alsace fut envahi, puis occupé, par les coalisés. » En février 1793, la Convention décrète la levée de 300 000 volontaires et instaure des mesures de salut public. (Source : « 1793 : la Grande Fuite », Weiterswiller, L’Alouette bleue)
• Les coalisés prennent Mayenne (23 juillet 1793) et avancent vers le sud-est. L’invasion austro-prussienne augmente l’activisme de la nouvelle administration révolutionnaire qui impose un climat de terreur, particulièrement dans le Bas-Rhin. « La situation aux frontières devenant critique, la Convention décréta le 23 août la levée en masse avec service militaire obligatoire. Les hommes étaient répartis en 5 classes. La première classe, celle des hommes célibataires ou veufs sans enfant, âgés de 18 à 25 ans, seule requise dans un premier temps […] » (Source : « 1793 : la Grande Fuite », Weiterswiller, L’Alouette bleue)
• Mi-novembre 1793, les armées du Rhin et de la Moselle, placées sous le commandement du Général Hoche lancent une contre-offensive. « Accompagnant la contre-offensive des Français et le reflux des coalisés, la rumeur de représailles contre ceux qui avaient hébergé des Autrichiens ou des Prussiens se répandit dans la région et la peur s’empara de ceux qui pouvaient être suspectés d’hostilité à la République ou de simple tiédeur républicaine. Beaucoup ne virent de salut que dans la fuite. » (Source : « 1793 : la Grande Fuite », Weiterswiller, L’Alouette bleue)
• « Peu à peu, les armées françaises reprennent le dessus : en 1794, la bataille de Fleurus permet à la France de s’emparer des Pays-Bas autrichiens, tandis qu’elle progresse à l’est en direction de Francfort. La frontière est fixée sur les rives du Rhin. La France impose l’instauration de la «République batave» aux Provinces-Unies en 1795, qui devient en pratique sous tutelle française. » (Source : Hérodote, « Les guerres de la Révolution »).

Par le traité de paix d’Aix-la-Chapelle (1748), la Belgique redevient une province de l’Autriche. L’armée française quitte le territoire en 1749.

Quand et pourquoi Jean Georges Haderman a-t-il émigré d’Alsace en Flandre ?

La Révolution bouleverse considérablement la société française, par la guerre contre les voisins de la France, par la guerre civile et la Terreur, mais aussi par les modifications profondes du fonctionnement administratif, économique et social (fin du système féodal). Joannes Georgius Haderman a donc connu une époque particulièrement troublée. De multiples causes peuvent expliquer son départ d’Alsace vers la Flandre.

En raison de la proximité de la frontière et de la présence continuelle des armées, « l’influence de la guerre étrangère va être déterminante sur l’évolution de la Révolution en Alsace […] La « Grande Fuite », en décembre 1793, au moment du repli des armées autrichiennes, entraîne avec elle des populations craignant les représailles. Se posent constamment, pendant cette période, les problèmes de départ et de retour. » (Source : « Religion et Révolution en Alsace » par Claude MULLER, Annales historiques de la Révolution française n°337, juillet-septembre 2004)

Quand a-t-il émigré ? On sait que Joannes Georgius (Joris) HADERMAN est né le 05-04-1767 à Bergheim, qu’il était forgeron / maréchal ferrant, comme son père, et qu’il a épousé Barbara BOEL le 13-05-1798 à Hamme. Il est peu probable qu’il ait émigré avant la Révolution française, volontairement et seul, la majorité civile étant alors de 25 ans. Il est plus probable que Jean Georges Haderman ait été engagé dans l’armée, comme soldat ou comme maréchal-ferrant, volontairement à partir de 1791 ou 1792, ou réquisitionné à partir de 1793. Il serait allé combattre (ou aurait accompagné un régiment, comme forgeron) en Flandre où il s’est marié.

Âge de la majorité :

• 28 août 1792 : décret abolissant la puissance paternelle sur les majeurs (25 ans et plus).
• 20 septembre 1792 : décret abaissant l’âge de la majorité civile de 25 à 21 ans.

Militaires volontaires ou réquisitionnés dans les armées de la Révolution :

• 1791 : levées de volontaires en période de paix (décrets de juin, juillet et août 1791)
• 22 juillet 1792 : levée des « volontaires de 1792 » : l’Assemblée législative mobilise des volontaires qui s’engagent aux côtés des soldats de métier issus de l’armée royale d’Ancien Régime (33 600 gardes nationaux constituent 42 bataillons de volontaires). NB : Les Alsaciens sont très nombreux à s’engager ; demande importante de soldats mais aussi d’artisans pour la fabrication et l’entretien du matériel.
• 24 février 1793 : levée des 300 000 hommes sur le principe du volontariat mais avec réquisitions par tirage au sort pour compléter l’effectif (réquisition des célibataires et veufs sans enfants de 18 à 40 ans, remplacement autorisé, nombreux cas d’exemption dont le mariage). Les « soldats de l’An II » sont des volontaires enthousiastes ou des recrues par contrainte…
• 23 août 1793 : levée en masse. Réquisition pour le champ de bataille de tous les jeunes gens de 18 à 25 ans, célibataires et veufs sans enfants (remplacement non admis, exemption pour les hommes mariés des classes d’âge correspondantes et pour ceux qui travaillent aux fabrications de guerre ou qui conduisent les charrois militaires). NB : le remplacement de la classe d’âge 18-25 ans en 1793 par une autre n’est pas prévu…
• 5 septembre 1798 : loi du 19 fructidor an VI. « Tout Français est soldat et se doit à la défense de la Patrie » (article 1). La conscrition (inscription sur les registres) est obligatoire pour tous les hommes célibataires (non mariés avant le 23 nivôse an VI) et veufs sans enfants. Pas de tirage au sort, pas de remplacement, service dans l’armée en fonction de l’âge : les moins âgés de la première classe d’âge (hommes de 20 ans) sont les premiers appelés ; si l’effectif est insuffisant, on appelle toute la première classe et, si besoin, les plus jeunes de la seconde classe…
• 24 septembre 1798 : levée de 200 000 hommes le 3 vendémiaire an VII, pour faire face à la menace d’une nouvelle coalition (200 000 hommes sont prélevés dans la première classe, en commençant par les plus jeunes et, si la première classe ne peut fournir la totalité des enrôlés, la seconde classe sera touchée à son tour.
• Source : Défendre la France – Les Français, la guerre et le service militaire, de la guerre de Sept Ans à Verdun. Deuxième partie : « La voie française vers une armée nationale (1791-1798) ». Annie Crépin, Presses Universitaires de Rennes, 2005.

Pistes de recherches militaires :

• « Les armées françaises et les campagnes de 1792 à 1794 sur le Rhin et dans le Nord », mis en ligne par la Société d’Etudes Historiques Révolutionnaires et Impériales (SEHRI) en 2010
• Wikipédia, « Volontaires nationaux pendant la Révolution »
• SEHRI : Les armées de ligne de la Révolution
• Mémoire des hommes : Recrutement et parcours individuels > Registres de contrôles de troupes et registres matricules (1683-1815) > Les registres matricules de la Révolution et du Consulat > Instruments de recherche > Les registres des bataillons de volontaires nationaux (cotés SHD GR 16 YC, 1747-1839)
• Fiche SHD/Mémoire des hommes : « Les registres matricules des bataillons de volontaires nationaux et de canonniers (GR 16 YC) »

Une recherche par nom dans la base de données « Recrutement et parcours individuels » de Mémoire des hommes donne pour « HADERMAN » un résultat dans le registre du 61e régiment d’infanterie de ligne (13 novembre 1805-2 décembre 1806) : Bazile Nicolas HADERMANN, matricule n°2954, fils de Clément Hadermann et de Marie Eve Schmitt, né le 9 juin 1786 à Bergheim (Haut-Rhin), arrivé au Corps le 30 novembre 1806, fusilier au 3e Bataillon, 6e Compagnie, « déserté le 25 février 1807, condamné par contumace à la peine de mort et à 1500 francs d’amende par jugement du 17 juillet 1807. » Ce Bazile Nicolas est donc le petit frère de Jean Georges ! Il a servi dans l’armée de Napoléon Ier, sous le Ier Empire*. La recherche en ligne n’a pas permis de trouver Jean Georges HADERMANN, mais tous les registres ne sont pas encore indexés et il y a quelques manques…

61e régiment d’infanterie de ligne (13 novembre 1805-2 décembre 1806) – Bazile Nicolas HADERMANN, matricule n°2954 – Source : Mémoire des hommes

*NB : La sentence de mort n’a pas été appliquée puisque la généalogie de la famille HADERMANN établie par Frans DE RYCKE indique : « Basilius Nicolaus Hadermann, né le 09-06-1786 à Bergheim, brasseur et artiste de cabaret, est décédé le 22-11-1850 à Dambach-la-Ville, Bas Rhin, Alsace, France, à l’âge de 64 ans. Il se marie le 27-05-1816 à Dambach-la-Ville avec Anna Marie Ruhlmann, née le 08-05-1797 à Dambach-la-Ville et y est décédée le 13-06-1850, à l’âge de 53 ans, fille de Jean Ruhlmann et Anna Catharina Gisselbrecht. »

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

D’autres pistes de recherche ?

• Les registres paroissiaux (avant 1793) et registres d’état civil (après 1793), ne sont pas encore en ligne sur le site des Archives départementales du Haut-Rhin, pour la commune de Bergheim). Il serait néanmoins intéressant de connaître la fratrie de Jean Georges HADERMANN (mariage de ses parents, naissance et décès de ses frères et soeurs).
• Les dénombrements de population (recensements) commencent en 1819 et ne sont consultables en ligne que pour l’année 1866 dans les communes du Haut-Rhin.
• Cadastre napoléonnien : le plan de Bergheim date de l’année 1829.
• Le CRHF, Centre de Recherche sur l’Histoire des Familles (centre généalogique associatif) dispose d’une importante documentation historique (registres paroissiaux non numérisés sur le site des Archives départementales du Haut-Rhin, archives notariales…) > Voir le fonctionnement dans l’article Comment rechercher un ancêtre dans le Haut-Rhin via internet ?
• Les passeports : le décret du 10 vendémiaire an IV (1795) règle la délivrance des passeports. Pour sortir de son canton, tout voyageur français doit être muni d’un passeport (« passeport à l’intérieur » ou « passeport à l’étranger ») > Un article sera consacré à ce sujet.

Les causes possibles du départ d’Alsace d’un artisan forgeron alsacien en période révolutionnaire :

• Recrutement obligatoire dans l’armée ou engagement volontaire (défense de sa terre ou de la « patrie en danger »), comme combattant ou comme artisan.
• Ralentissement économique, appauvrissement et disettes dus aux guerres.
• Fin du système féodal qui assurait une certaine stabilité aux artisans (imposition lourde mais connue, force des corporations).
• Bouleversement du système familial (la fin de la transmission héréditaire inégale entraîne un morcellement du patrimoine familial).
• Terreur, violences, incertitude pour l’avenir…
• Cause religieuse d’émigration ? La communauté juive de Bergheim est la plus importante de Haute Alsace jusqu’à la Révolution. Or, cette période voit un regain d’antisémitisme qui cause la ruine de nombreuses familles juives. La communauté catholique est aussi attaquée par l’obligation faite aux prêtres de signer la Constitution civile du clergé. Les familles anabaptistes, pacifistes et opposées à la conscription, s’expatrient.
• Cause climatique ? L’éruption du volcan islandais Laki en juin 1783 a été suivie de plusieurs hivers très rudes, jusqu’en 1789 (Lire les Brèves météorologiques hivernales).
• etc.

Laure MESTRE, membre du CGA, section Île-de-France

Mercredi 1	Adieu chère Alsace
Jeudi 2	Alsatian emigration to the Black Sea
Vendredi 3	Sélestat… Le Chili… l’Algérie
Samedi 4	Double départ pour les USA
Lundi 6	Kieffer emigration to Est Eden
Mardi 7	De l’Alsace à la Flandre, pendant la guerre de Succession d’Autriche
Mercredi 8	The Immigrant Sebastian Gundy